lundi 24 octobre 2016

Cameroun : Accident ferroviaire à Eséka: au-delà des larmes


Un terrible accident ferroviaire a endeuillé le 21 octobre 2016 le Cameroun. En effet, un train de la compagnie Camrail, filiale du groupe français Bolloré, parti de Yaoundé à destination de Douala, a déraillé à Eséka, 120 km seulement après son départ, faisant environ 80 morts et des centaines de blessés. Le décompte macabre n’est pas terminé, de nombreux blessés graves étant encore pris en charge dans les hôpitaux.


C’est, comme on peut aisément le comprendre, un drame pour de nombreuses familles qui y ont perdu des parents, mais aussi une véritable catastrophe pour l’État du Cameroun. Du coup, on essaye de comprendre ce qui s’est passé, ce qui a pu provoquer pareille catastrophe, en même temps qu’on tente d’en établir les responsabilités, d’en désigner les coupables…

Le chef de l’État camerounais, Paul Biya, qui a écourté son séjour à l’étranger et regagné son pays, suit de très près la gestion de cette catastrophe. Par ailleurs, après avoir demandé que tous les blessés soient pris en charge dans les hôpitaux aux frais de l’État, il a décrété le 24 octobre 2016 journée de deuil national. Entre temps, une demi-douzaine des membres de son gouvernement, se sont déployés sur le terrain pour aider à la prise en main par l’État de ce drame.

La catastrophe ferroviaire d’Eséka est survenue quelques heures après l’effondrement d’une buse métallique sur une voie extrêmement importante, la route qui relie Douala, la métropole économique, à Yaoundé, la capitale politique du Cameroun.  Selon les observateurs, ceci a provoqué la ruée massive des voyageurs vers le train. Bien que les responsables de Camrail  demandent d’attendre les résultats de l’enquête ordonnée par le chef de l’État camerounais, une partie de l’opinion tend à soutenir que le train qui a déraillé était allé bien au-delà de ses capacités. Ce qui, selon elle, serait à l’origine du déraillement.

Et comme il fallait s’y attendre, certains individus ont déjà désigné leurs coupables, empruntant des raccourcis faciles, et pointent du doigt pêle-mêle tous les officiels, jusqu’au chef de l’État. Certes, lorsqu’il se pose un problème dans un pays, il est normal qu’on interpelle les autorités de ce pays, responsables en premier de la gestion des affaires de l’État.

Mais, mon avis est qu’en toutes choses, il faut savoir raison garder. Le chemin de fer camerounais a certes été construit il y a longtemps, mais la vérité est qu’il est régulièrement entretenu. Aujourd’hui, il ne serait pas exagéré de dire qu’il est le plus fiable de la sous-région. Ce chemin de fer, en plus de relier le nord et le sud du Cameroun, permet de transporter des quantités importantes de marchandises en provenance ou en direction du Tchad voisin. C’est d’ailleurs grâce à ce chemin de fer qu’on a pu transporter à partir du port de Douala, tous les matériaux qui ont servi à la construction du pipeline qui permet d’évacuer le pétrole tchadien vers la côte atlantique, en traversant le Cameroun sur toute sa longueur.

Ce qui est arrivé à Eséka est très triste et difficile à accepter; on ne peut que partager la douleur des familles éplorées. Mais il ne sert à rien d’essayer de trouver à tout prix un bouc-émissaire, un peu comme-ci si les accidents de train, qui surviennent y compris dans les pays les développés, sont l’apanage du seul Cameroun. Le dire ainsi ne saurait être assimilable à un manque de respect pour les morts et aux blessés de la catastrophe d’Eséka.

Il est bon que les Camerounais,  au-delà des pleurs, soudés autour de leurs dirigeants, travaillent dans le but de surmonter, comme ils l’ont fait en d’autres occasions, cette difficile épreuve.

Moane Ehindi

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