vendredi 30 octobre 2015
Paul Biya et Camair-Co
Le Cameroun a décidément mal à sa compagnie de transport aérien. Née sur les cendres de la défunte Camair, Camair-Co a du mal à prendre son envol. Il serait d’ailleurs plus juste de dire qu’elle a du plomb dans l’aile. Les incidents se multiplient depuis plusieurs mois entre la compagnie qui n’arrive pas à honorer ses engagements et ses clients qui en ont assez d’être abandonnés dans les aéroports. Camair s’était vu affubler la très peu prestigieuse étiquette d’ « Air Peut-être ». Camair-Co en est-elle si éloignée ? Avec une dette de plus de 50 milliards FCFA, Camair-Co fait figure de grand malade. Pour dire le moins.
Pour sortir Camair-Co du trou dans lequel elle se trouve, moult solutions ont été proposées parmi lesquelles le remplacement des équipes managériales. En en effet, plusieurs directeurs généraux se sont succédé à sa tête sans pour autant que la situation s’améliore. Nommé à la tête de la compagnie, Jean Paul Nana Sandjon n’a pas pu faire mieux que ses prédécesseurs. Un plan de relance a été élaboré par les dirigeants de Camair-Co en 2013 avant d’être actualisé en 2014. Dans ce plan, la compagnie ambitionne prioritairement d’optimiser son exploitation en achetant de nouveaux aéronefs. Son objectif étant de densifier à tout prix son activité à l’international.
Une convention de prêt de 25 milliards de FCFA a été signée à cet effet le 16 juin 2015 entre le ministre des Finances Alamine Ousmane Mey et le directeur général de Camair-Co, Nana Sandjon au titre d’emprunteur et comme prêteur les directeurs généraux d’un pool bancaire (Ecobank Cameroon, CBC, UBC. etc.). 22.5 milliards devraient consacrés à l’investissement et 2.5 milliards au fonctionnement. Une enveloppe de 5 milliards était également annoncée pour renforcer le fonds de roulement de la compagnie nationale. Ce qui fait un total de 30 milliards.
Point n’est besoin d’être un expert pour constater que le management de Camair-Co se mettait là sur une fausse piste. Nombre d’observateurs n’ont pas manqué d’exprimer leur scepticisme par rapport à cette solution. Avec une flotte aussi faible, comment Camair-Co pouvait-elle s’attaquer au marché international face aux majors qui comptent des aéronefs par centaines?
En tout cas, le Chef de l’État camerounais, Paul Biya, n’a pas, lui non plus, été enchanté par cette solution et n’a pas autorisé le déblocage des fonds. Mieux, aux dernières nouvelles, et selon une information relayée par la presse, à la suite d’un appel d’offres international lancé à cet effet, le président de la République a décidé de confier l’élaboration du plan de relance de Camair-Co à la firme américaine Boeing Consulting. L’audit stratégique attendu de Boeing Consulting vise, selon les mêmes sources, à « évaluer plus profondément la viabilité économique de la compagnie, et mettre sur pied un plan d'affaires devant ressortir la rentabilité et la fiabilité des destinations de vols ». L’audit opérationnel qui sera fait, consistera à évaluer l’état des besoins logistiques et en personnels de Camair-Co, en mettant un accent particulier sur la rentabilité de ce transporteur. Paul Biya lie l’utilisation du financement de 25 milliards de francs CFA obtenu auprès du pool bancaire Afriland First Bank, CBC, Uba et Ecobank à l’adoption de ce nouveau plan.
En confiant cet audit à une firme à l’expertise avérée, on opte pour une solution plus rationnelle. Et on peut s’attendre à ce que l’argent du contribuable ne soit pas dilapidé pour rien. Ne serait-ce que pour cela, on devrait en savoir gré au président Paul Biya.
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