mercredi 14 octobre 2015

Le Président Biya et les primes des sportifs

On a poussé un ouf de soulagement lorsqu’on a appris, en début de semaine, le paiement par le gouvernement camerounais des 15 millions de F CFA de primes réclamées par les joueuses de l’équipe nationale de basketball du Cameroun pour leur participation à l’Afrobasket Dames 2015, la 24e édition du championnat d’Afrique de basketball dames qui s’est déroulée au palais des sports de Warda, dans la capitale camerounaise du 24 septembre au 2 octobre dernier.


 Depuis la fin d’une compétition au cours de laquelle elles se sont remarquablement comportées - ne perdant que le match de la finale face au Sénégal- alors même qu’elles étaient loin d’en être les favorites, les Lionnes du basketball ont refusé de toucher les 2 millions de F CFA qui leur avaient été proposés à chacune comme primes par la Fédération camerounaise de basketball (Fécabasket). Les responsables de la Fécabasket, pour leur part, trouvaient excessives leurs prétentions de 15 millions de F CFA, alors que le budget prévu à cet effet ne s’élevait en tout et pour tout qu’à 40 millions de F CFA, y compris les primes du staff technique et médical.

Les négociations entre les deux parties n’ont pu aboutir à rien de mieux qu’une légère augmentation de cette prime qui devait passer à quatre millions de F CFA. Mieux, les filles, dont les réclamations n’ont pas changé, ont été priées de libérer les chambres de l’hôtel Mont-Fébé où elles avaient été logées, au grand désarroi du public qui n’a eu que des éloges pour les prestations de leurs compatriotes pendant les deux semaines qu’a duré l’Afrobasket. Ces basketteuses, dont des binationales qui arrivaient pour la première fois au Cameroun, se sont montrées choquées et déçues. On ne devrait pas être surpris si certaines décidaient de ne plus défendre les couleurs du pays de leurs parents…

Il a fallu l’intervention personnelle du président Paul Biya pour que les vice-championnes d’Afrique puissent rentrer dans leurs droits. Et encore ! À ce qu’il paraît, selon des informations relayées par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, certaines personnes auraient même tenté de ne leur verser que 10 millions au lieu des 15 arrêtés.

 Une fois de plus, une fois encore, le problème des primes s’est posé pour les sportifs camerounais. Il en a été ainsi plus d’une fois : avec les Lions indomptables du football à la veille de la coupe du monde du Brésil ; avec les Lionnes du football qui ont participé à la coupe du monde au Canada, etc. Le problème des primes est devenu récurrent au Cameroun. Alors même que les performances des sportifs sur le terrain sont souvent remarquables, le comportement de ceux qui ont en charge la gestion du mouvement sportif, quant à lui, laisse à désirer. Ce qui ne manque pas de déteindre sur l’image de marque du pays.

 Chaque fois, il va falloir remonter jusqu’au chef de l’État en personne pour que les situations de crise ainsi créées, puissent connaître un heureux dénouement. Et en même temps qu’on peut se féliciter de la bonne disposition du président Paul Biya à accéder aux demandes de ses compatriotes, il y a quand même lieu de se demander si dans toute la chaîne de décision, aucun autre responsable ne perçoit la nécessité de payer aux sportifs camerounais ce qui leur revient de droit. Ce d’autant que ces mêmes responsables ne se donnent aucune limite lorsqu’il s’agit pour eux-mêmes de se servir. Les effectifs pléthoriques des délégations camerounaises lors des compétitions sportives internationales et les avantages exorbitants que s’accordent certains officiels à cette occasion sont là pour en témoigner.

Il est temps que ces comportements changent pour éviter des frustrations qui pourraient à la longue affecter les performances des sportifs camerounais qui participent pour une large part à construire l’image de marque du pays.

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