mardi 9 février 2016

Élection présidentielle : les appels à la candidature de Paul Biya se multiplient


L’actualité ces derniers jours au Cameroun est dominée par les appels lancés par des élites politiques, les militants de son parti, le RDPC, et diverses franges de la société camerounaise, en direction du président Paul Biya et lui demandant de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Les médias s’en font chaque jour largement l’écho.

Tout est parti de manière on va dire anodine d’un appel lancé depuis le sud par quelques responsables politiques ; depuis lors, les réunions se succèdent, les appels se multiplient, les uns aussi insistants que les autres, qui demandent au président Paul Biya, deux ans avant la fin de son mandat, d’être candidat à la prochaine élection présidentielle : les sénateurs du Centre, les élites du Grand Nord, les militants et les élites de la Lékié, les militants RDPC du Littoral, les populations, les élites et les militants RDPC de l’Est, etc. Il  faut d’ailleurs s’attendre à ce que dans les prochains jours, le phénomène aille en s’amplifiant. Les observateurs n’hésitent pas à prévoir une déferlante.
Qu’est-ce qui peut bien pousser les partisans du président Paul Biya à demander que leur champion brigue un autre mandat à la tête de l’État, alors même que son bail court jusqu’en 2018 ? Certains autres vont plus loin et demandent la tenue d’une élection présidentielle anticipée, ce qui, aux dires des spécialistes, nécessite une révision de la constitution du pays.
On se souvient quand même que lors d’une conférence de presse conjointe tenue avec le président François Hollande, lors de la visite officielle effectuée au Cameroun par le chef de l’État français en 2015, répondant à un journaliste qui voulait savoir s’il allait se présenter à l’élection présidentielle de 2018, Paul Biya avait répondu de manière énigmatique, sans que cela ne surprenne personne, que cette échéance était « lointaine mais certaine ».
Si pour certains, l’organisation d’une présidentielle anticipée va forcément prendre de court les adversaires politiques du président qui l’attendaient plutôt dans deux ans, pour d’autres, la question se pose de savoir si Paul Biya a le choix. Peut-il refuser d’accéder à ces appels répétés et insistants du peuple ? Rien n’est moins sûr. Mieux, dans certaines localités, des militants des partis d’opposition se sont joints à ceux du RDPC pour soutenir leur appel. Quelques partis politiques ont déjà exprimé leur opposition à la candidature de Paul Biya. Cela est compréhensible et normal dans un contexte pluraliste et démocratique. Certains autres estiment qu’il est tout à fait normal que les militants du RDPC appellent le président national de leur parti à briguer un nouveau mandat à la tête de l’État; il revient à ceux qui veulent accéder à la plus haute charge de l’État de s’organiser à leur tour pour aller vers le peuple souverain et solliciter ses suffrages.
Au-delà de tous les débats suscités par les appels à la candidature de l’actuel locataire du palais d’Etoudi, la vérité est que Paul Biya a le droit que lui confère la constitution de son pays de briguer un autre mandat à la tête de l’État. À cela, ses partisans ajoutent le fait qu’il est la personne la mieux placée aujourd’hui au Cameroun pour conduire la lutte contre le terrorisme et tordre le cou à Boko Haram. Certains autres évoquent des raisons économiques. Le président a en effet lancé depuis quelques années un certain nombre de grands projets d’infrastructures dont l’ambition est de placer le Cameroun sur la voie de l’émergence à l’horizon 2035.
Que toutes ces raisons soient pertinentes ou non, le prochain chef d'État camerounais devra être élu par le peuple souverain dans un scrutin libre, démocratique et dont les résultats ne devraient souffrir aucune contestation. C’est là l’essentiel. Toutes les parties prenantes, le peuple camerounais, les partis politiques, les institutions qui organisent et gèrent les élections, etc., doivent travailler dans ce sens.

Moane Ehindi

Aucun commentaire:

Publier un commentaire