lundi 4 janvier 2016

Des «cadeaux» de fin d’année de Paul Biya à ses compatriotes


Comme la plupart de ses pairs à travers le monde, le chef de l’État camerounais s’adresse à ses compatriotes tous les 31 décembre dans un message radiotélévisé. C’est généralement l’occasion pour lui de dresser l’état de la Nation aux plans moral, politique, économique et social, et de faire des projections pour l’année qui va commencer.

Ils étaient nombreux ceux qui, jeudi dernier, se demandaient ce que Paul Biya, le chef de l’État camerounais, allait encore dire à ses compatriotes, dans son traditionnel message de fin d’année à la Nation. Eh bien, Paul Biya a déjoué les pronostics et confondu les sceptiques. En plus des vœux de Nouvel An formulés à l’endroit de ses compatriotes, le chef de l’État camerounais leur a fait deux cadeaux : la baisse du prix des carburants à la pompe et la revalorisation des allocations familiales pour tous les travailleurs salariés.

S’agissant tout d’abord du prix des carburants à la pompe, il passe de 650 à 630 F CFA pour le litre de super, soit une baisse de 20 F CFA ; et de 600 à 575 F CFA pour le litre de gasoil, soit une réduction de 25 F CFA. Cette mesure est entrée en vigueur dès le 1er janvier 2016.

Si pour certains, cette baisse peut paraître symbolique compte tenu de la chute des cours du pétrole brut extrêmement bas sur le marché, il ne faut pas oublier qu’en bloquant les prix des carburants à la pompe en 2008 alors que le baril de brut avait atteint des sommets, l’État du Cameroun a dû payer des centaines de milliards de francs CFA de manque à gagner à la Société de raffinage (SONARA), ceci contre l’avis des bailleurs de fonds que sont le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Par ailleurs, selon les officiels gouvernementaux, l’État subventionne encore fortement le prix du pétrole lampant consommé beaucoup plus par les gens les moins nantis, mais aussi le gaz domestique.

Les consommateurs de carburants à la pompe ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, eux qui ont applaudi des deux mains la mesure présidentielle. Une mesure d’autant plus importante qu’elle a un effet d’entraînement sur la plupart des secteurs de l’économie, et notamment en ce qui concerne les charges relatives au transport tant des hommes que des biens, ce qui devrait avoir un impact sur le pouvoir d’achat.

L’autre mesure présidentielle contenue dans son message du 31 décembre dernier concerne la revalorisation des allocations familiales dont le montant est fixé à 1800 F CFA par enfant et par mois depuis de très longues années. Le chef de l’État a donc décidé de les revaloriser. Même si aucun montant n’a été officiellement avancé, et bien que cette mesure ne s’applique qu’aux travailleurs salariés du secteur formel, les Camerounais, pour la plupart, saluent la mesure présidentielle. Certes, ce n’est pas ce qui va fondamentalement améliorer leurs conditions de vie, mais pour les bénéficiaires, ce qui compte c’est le geste ; ce qui importe, c’est la volonté présidentielle de faire quelque chose pour ses compatriotes, parce que ceux-ci en ont effectivement besoin. En tout cas, pense-t-on ici, ceci laisse présager un avenir meilleur.

Ces mesures sont d’autant plus appréciées qu’elles interviennent dans un environnement difficile. Le Cameroun paye en effet le prix fort pour faire face aux attaques barbares des terroristes de Boko Haram. Le pays a dû déployer des milliers de soldats dans la région de l’Extrême-Nord, à la frontière avec le Nigeria, pour barrer la route à ces assaillants. D’importantes ressources financières qui auraient pu servir au développement du pays sont ainsi investies pour préserver l’intégrité du territoire national et assurer la protection des hommes et des biens. À cela, il faut ajouter les centaines de milliers de réfugiés en provenance du Nigeria et de Centrafrique que le Cameroun doit, par solidarité, accueillir sur son territoire, et à qui il doit assurer le gîte et la pitance au quotidien.

Dans un tel contexte, que le président de la République fasse un geste, fût-il symbolique, les Camerounais ne peuvent qu’en être reconnaissants.
Moane Ehindi

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